03 Mai

Feedback

Feedback

Il est étonnant de voir à quel point, de nos jours, le niveau d’écoute est bas. Pourtant, le feedback joue un rôle essentiel dans le développement personnel.

Au gré de nos rencontres en tant que coach, formateur, consultant en ressources humaines, nous sommes souvent très étonnés, pour ne pas dire surpris, du manque d’écoute des personnes, quel que soit leur niveau intellectuel ou hiérarchique. Cette espèce de « surdité programmée », qui frappe à tous âges, nous laisse très souvent perplexe, c’est aussi le cas du manque d’intérêt aux signaux que donnent les interlocuteurs plus ou moins proches. La prise de conscience vient souvent a posteriori, une fois que le mal est fait. Nous recevons pourtant tous une multitude de feedbacks, que ce soit de notre conjoint, de nos enfants, de notre famille, de nos amis, de nos pairs, de nos subordonnés, de nos supérieurs, mais aussi du marché de l’emploi, du politique… et j’en passe ! Faut-il encore être réceptif à ces signaux envoyés avec plus ou moins d’insistance.

Pas simple
Trop de personnes attendent que des événements souvent tragiques surviennent pour prendre conscience de leur situation, manifestement en porte-à-faux avec leur environnement. Refuser de manière plus ou moins consciente le feedback des autres, quel que soit leur statut, c’est se couper des alliés de sa propre progression. C’est refuser le « cadeau » qu’ils nous font en nous consacrant du temps dans le but de nous aider. Mais attention, cela ne s’improvise pas de donner du feedback positif et/ou négatif, ce n’est pas si simple, cela s’apprend. En effet, l’intention est souvent louable, le fond est bon, mais c’est la forme qui ne correspond pas, ou vice versa. Mauvais timing, trop dilué, peu concret, trop direct, peu de prise en compte de la personne à qui il s’adresse. Recevoir du feedback sur des points positifs ou des possibilités d’amélioration s’apprend aussi. C’est accepter une vision, une approche différente. C’est recevoir ce « cadeau » comme une validation d’acquis ou une possibilité de s’améliorer.

Dans l’entreprise, il faut créer « le terreau fertile » pour cette approche et passer de la théorie à la pratique. Cela passe par une réelle volonté du management d’investir dans cet état d’esprit et d’instaurer l’apprentissage du feedback comme une volonté de développement et d’ouverture, avec, comme prérequis, une attitude positive et bienveillante vis-à-vis des autres.

Ménager l’autre, c’est déjà le sous-estimer !
Dans le climat conjoncturel difficile et très concurrentiel d’aujourd’hui, les entreprises qui ont choisi cette voie font partie des entreprises gagnantes. En effet, elles ont su créer cet état d’esprit où l’on a le droit d’oser, de créer, de faire des erreurs, et où l’on accepte de se remettre en question en recevant du feedback de la part de ses collègues tout en sachant que le but est de progresser personnellement et en équipe.

Le feedback, quand il est bien fait avec la bonne attitude, nous permet de nous améliorer rapidement, journellement, hebdomadairement, mensuellement, sans attendre le « sacro-saint » entretien annuel pour mettre en place des actions correctives plus lourdes, et parfois trop tardives, pour espérer un changement significatif.

En tant qu’intervenant externe, nous sentons très rapidement quelle est l’atmosphère qui règne au sein des entreprises, et cela d’autant plus ces dernières années, l’époque étant marquées par des changements de paradigmes très importants. Force est de constater que pour certaines industries, instaurer une culture du feedback en son sein provoque des changements majeurs dans la façon de fonctionner, et ce d’autant plus lorsque, durant des décennies, elles ont pratiqué une approche plutôt assertive et descendante.

Pour les entreprises aussi, être vraiment à l’écoute du marché, de la concurrence, des clients et tenir compte réellement de leurs feedbacks fait partie aujourd’hui, encore plus qu’hier, des principes de base pour survivre dans un monde où la sous-estimation de ces retours peut être fatale. L’actualité nous le prouve, avec l’exemple des magasins Bata en Suisse et en France.

Ce manque d’écoute et de prise en compte des feedbacks est aussi très révélateur, en termes de politique de santé, quand, par exemple, l’OMS met en garde les populations des pays « développés » sur la manière de s’alimenter et les problèmes d’obésité qui ne cessent d’augmenter. Les résultats de la COP21 à Paris en décembre 2015 montrent à quel point l’humain reste sourd aux feedbacks que la nature lui renvoie depuis de nombreuses années.

Et vous, à votre niveau, êtes-vous réceptif aux feedbacks des autres et surtout, qu’en avez-vous fait concrètement ?

Attention : « Si une personne vous dit que vous êtes un cheval, vous pouvez l’ignorer. Si deux personnes vous disent que vous êtes un cheval, il serait sage d’y réfléchir. Si trois personnes vous disent que vous êtes un cheval, achetez-vous une selle. »